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Debriefs

Debriefs
  • Debriefs... au boulot, entre copines, souvent, pour des choses primordiales et d'autres plus futiles. Un "mini" tour du monde mérite bien un debriefing... Et, pourquoi pas, maintenant que ce voyage est loin, continuer de debriefer ?
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25 juillet 2016

Juste des dates

15 février 1983 : naissance.

11 mai 1986 : naissance de ma soeur.

12 juillet 1998 : victoire des Bleus à la coupe du monde de football qui se déroule en France. Premier émoi sportif dont je me souvienne.

13 avril 2001 : j'obtiens mon permis de conduire.

11 septembre 2001 : je m'inscris à la danse, comme tous les ans. Je ne me souviens pas de mon inscription tous les ans. Mais ce jour-là, le monde a arrêté de respirer pendant quelques heures, après l'attentat fondateur du XXIème siècle à New-York : deux avions sont venus volontairement percuter le World Trade Center, les deux tours les plus hautes de Manhattan, symboles à la fois des Etats-Unis, d'une culture occidentale et d'une économie.

21 avril 2002 : Jean-Marie Le Pen et Jacques Chirac arrivent en tête du premier tour des élections présidentielles en France. Premier choc politique. Première prise de conscience que chaque vote compte. 

Septembre 2012 : départ pour un demi-tour du monde, trois mois de voyage en solo. Jolie expérience, qui a notamment créé ce blog !

9 juin 2014 : rencontre de mon amour.

7 janvier 2015 : Charlie Hebdo, hebdomadaire satirique qui a accompagné toutes mes années d'études - je le lisais le jeudi soir à l'internat dont j'étais responsable lors de mon pionnicat - est attaqué et les dessinateurs-symboles d'une contre-culture, de la liberté d'expression et de l'humour au vitriol sont assassinés. Là encore, j'ai arrêté de respirer pendant quelques heures. J'ai été en colère, et nous avons protesté à notre façon, celle de beaucoup d'autres gens, en sortant boire un verre à la santé de Charb, Cabu et les autres ce soir-là. J'ai assisté à la liesse qui s'est emparée de la France, de toutes les générations, avec un regard mi-amusé mi-ému devant ces millions de personnes qui hissaient des bannières à la mémoire de personnes qu'ils n'avaient jamais lues et qui honnissaient tout symbole d'une quelconque autorité.

13 novembre 2015 : je devrais m'en souvenir parce que ce jour-là, j'ai mangé une langouste sur une plage dominicaine avec mon amoureux, lors de nos premières vacances tous les deux. Je m'en souviens parce que j'ai reçu un texto de ma soeur m'annonçant que je ne devais pas m'inquiéter, toutes nos connaissances parisiennes étaient en sûreté après les attaques du Bataclan, des terrasses et du Stade de France. Je n'étais pas au courant. Malgré la règle que nous avions instituée pendant ces dix jours de vacances, nous avons allumé la télévision sur une chaîne d'information et cherché la compagnie d'autres français, pour pouvoir partager notre colère, et l'abattement qui nous a frappé, petit nouveau après les attentas de Charlie. Pourtant j'ai eu beaucoup de chance. Aucune de mes connaissances n'a été touchée pendant cette soirée-là. Mais je fais partie de la génération visée, de la génération fort maladroitement appelée désormais "Génération Bataclan". En rentrant nous avons bien sûr suivi les hommages, et encore une fois avons refusé de céder devant ces menaces inhumaines. La vie a donc repris son cours tant bien que mal. 

21 mai 2016 : nous avançons dans la vie, et signons l'acte de vente de notre appartement.

14 juillet 2016 : après une soirée douce, les notifications qui ponctuent désormais nos journées nous poussent encore une fois à allumer une chaîne d'informations. Un "carnage" a eu lieu à Nice. Ce ne sont plus des trentenaires les victimes, mais des familles venues célébrer une fête incontournable. J'ai voulu croire à l'acte d'un "déséquilibré" comme on dit. Qui n'aurait certes pas fait revenir les victimes mais aurait eu l'avantage de pouvoir être, sinon compris, du moins explicable. Mais non. Après la colère et l'abattement, cette fois l'inquiétude est apparue. Le lendemain et le surlendemain, me baladant au milieu des nombreux touristes dans ma ville, je n'ai pas pu m'empêcher d'y penser. C'est tellement facile de décimer des vies si on le décide. Essayons de faire en sorte que continuer à vivre normalement le soit aussi.

C'était quelques dates. Pour moi l'ancienne étudiante en histoire qui n'a jamais été fichue d'en retenir.

 

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18 juillet 2016

Fanny et l'Euro 2016

Euro (3)ça, là, à gauche, c'est le programme des groupes de l'Euro. En surligné, ce sont les matchs que mon cher et tendre voulait "absolument" voir. Vous le remarquerez, les lignes non soulignées le sont surtout parce que les matchs n'étaient pas retransmis sur les chaînes gratuites... (oui, je vois Bein pointer son nez à l'horizon, il se rapproche de ma porte d'entrée).

Peut-être vous dites-vous que j'ai du souffrir pendant ce mois, du 10 juin au 10 juillet. J'avoue que j'ai pensé la même chose, mes yeux louchant sur ce stabilo jaune hypnotique.

Puis, France-Roumanie est arrivé. Dimitri Payet est arrivé. Ou bien, est-ce la cause de cet entraînement intensif subi à mon insu ces deux dernières années, à coup de CFC tous les dimanches, de matchs de l'OM de temps en temps, et de finale de Coupe de la Ligue ? Disons que c'est Payet.

Quoiqu'il en soit, je me suis surprise à espérer les coups francs dans l'axe. J'ai trépigné d'impatience avant le réveil de Griezman, alias Tonio-de-mon-coeur. Heureusement, Dimitri était toujours là. J'ai pesté devant Cristiano-ballon d'or mon cul-Ronaldo. J'avais même prédit ce pénalty raté du soi-disant meilleur joueur du monde (sa maman lui a jamais dit que c'est pas beau de prendre le monde pour son royaume ?).

Me suis bien un peu ennuyée devant Angleterre-Slovaquie. Mais j'ai compris et aimé le jeu des italiens face aux belges. J'ai vibré devant Allemagne-Italie, où les italiens ont repris leurs mauvaises habitudes (mais Buffon m'a éblouie). Je suis maintenant capable d'avoir une discussion tacketique et teckenique sur le footbal. Je sais quels sont mes joueurs préférés, mais pas forcément pour leur petit cul (Dimitri, Tonio, casse-dédi).

Avant les matchs éliminatoires, pendant ces quelques jours de répit, oui, je l'avoue, les soirées foot m'ont manqué. Et pas seulement à cause de la bière (on a renfloué les caisses du supermarché du coin pendant cet Euro). Parce que c'était sympa de se poser dans le canapé, avec mon amoureux, et de parler de tout et de rien, de foot et du temps, des vacances et de l'avenir, tout en comprenant que ce n'était qu'un match qui se jouait sur le terrain, mais aussi une occasion de se retrouver en toute simplicité, sans le poids d'un quelconque protocole, avec la certitude que nous étions tous là pour passer un bon moment.

Et comme je suis en train de décrire un monde de bisounours ou les joueurs de foot pètent des paillettes (Dimitri, si tu me lis), je ne m'étendrai pas sur vous-savez-qui-qui-aurait-sauvé-le-Portugal-(mon-cul).

Je crois que je commence à comprendre ce qu'on entend par "la magie d'un sport populaire qui rassemble les foules". Et je fais mon coming-out. Oui, j'aime le foot.

P.S.: David G., chapeau pour ce sourire, les gens dans les fanzones, bravo d'avoir tenu le coup, les islandais, vous êtes trop des badass.

11 juillet 2016

En voie de sédentarisation (2) Mode camping

Signature chez le notaire, checkGland sur nouveau sol

Paiement du notaire, check

Récupération des clefs, check (et petit frisson)

(oui, résumé rapide de l'épisode précédent)

Le moment béni du premier tour de clef chez nous est venu. Emotion. On est fébrile, à l'ouverture de la porte... On la pousse tendrement. Et on rentre chez nous. Enfin. Tour du propriétaire, on se projette, on mettra ça là, ça ici, on achètera ça pour là, on construira ça pour ici. C'est bon.

C'était bon, et c'était il y a déjà 6 semaines... Comme tous les nouveaux propriétaires, on se disait : on fait tout tout de suite, comme ça on est tranquille et on est chez nous pour de vrai. Bah tiens. Euh... Lol, carrément.

Parce qu'il y a toujours mieux à faire avant. Aménager la chambre d'amis/bureau ? Oui, mais avant, il faut faire la bibliothèque, pour pouvoir débarrasser les livres. Faire la bibliothèque ? Oui, mais avant, il faut refaire le sol, qui résonne beaucoup trop. Refaire le sol ? Oui, mais qu'est-ce qu'on met ? Aaaaaaaaaah !

Enfin cela dit, on tient le bon bout : le sol est fait, le plan de la bibliothèque est fait, j'ai une super nouvelle idée pour mon bureau/espace beauté. On ne parle même pas de la cuisine, qui était presque parfaite, et qui l'est maintenant que les accessoires adéquates la rendent fonctionnelle.

Et ce week-end, des amis vont dormir dans la chambre d'amis. C'est officiel, nous avons un chez nous !

Aaaaaah, dressing !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Plan de bibliothèque !

 

7 juillet 2016

Gland

WP_20160704_004Gland est content ! Du coup nous aussi. Et puis, c'est gris, mais c'est joli non ?

WP_20160704_002

4 juillet 2016

Pot-pourri (3)

Bib11

La mélodie du passé, Hans Meyer Zu Düttingdorf

Impossible de me souvenir comment j'ai eu l'envie (irrépréssible, ça je le sais), de chercher ce livre sur les rayonnages pour l'emprunter derechef.

Une conversation glânée ici ou là, un article lu, bref, peu importe j'étais enthousiaste à l'idée de lire ce qui paraissait être une saga sombre et lumineuse comme un tango.

Je ne peux le cacher, déception... La saga, elle y est. Une saga du genre de celles qu'on aime lire sur la plage ou dans l'avion, avec une héroïne naïve et ingénue, dont l'arrière-arrière-petite-fille, jeune femme moderne de notre temps, retrouve les traces grâce à un mystérieux indice trouvé par hasard à la mort de sa maman. Vous voyez donc le tableau mélo solidement campé.

Ces générations de femmes ont vécu le XXème siècle avec ses guerres et ses bouleversements, ont vécu des histoires sentimentales foudroyantes ou bancales, et le fil rouge du tango les relie dans le temps.

Ouais ouais ouais.

L'histoire est un peu tirée par les cheveux, et l'écriture est basique. Le tango est sous-exploité, mais les personnages sont suffisamment crédibles pour que l'on s'identifie malgré la prévisibilité du scénario.

Bref, une déception, mais un très bon livre de plage !

 

Bib12

Chut !, Jean-Marie Gourio

Repéré dans le Premier bilan après l'apocalypse de Beigbeder. Il y est question d'une bibliothécaire sexy, qui lit constamment et surtout sur les bancs des jardins publics, ne se laissant distraire par rien mais attentive à tout. Elle rencontre un jeune homme un peu perdu dans la vie, pour qui la lecture ne veut pas dire grand-chose mais devient un prétexte facile pour entamer la conversation.

Entre le conte mignonnet et la fable pour adulte, ce roman se lit vite. Les non-dits criants sont justes et émouvants, et l'héroïne incarne parfaitement le fantasme de la bibliothécaire à la fois naïve, débridée, calme, intellectuelle et sensible.

Comment ça je m'identifie ? ;)

 

Bib13

Fahrenheit 451, Ray Bradbury

Aïe. Pardon, c'est la claque que vient de me fiche Ray Bradbury depuis 1953. J'osais à peine dire que je n'avais jamais lu ce classique de la littérature d'anticipation. Alors, je l'ai lu.

Je n'ai même pas envie d'en parler, dans la mesure où tout le monde en connait plus ou moins l'histoire via le livre ou au moins le film. Si ce n'est tout de même que le point essentiel à retenir pour moi n'est pas le fait que les pompiers ont viré leur cutie pour, dans ce monde-là, être payé à incendier des maisons et brûler des livres.

Le point essentiel est que, quoique l'on fasse, les livres survivent et que, quoique l'on fasse, à dessécher la culture et à abrutir les gens, on finit par s'en prendre un sur la figure. Du moins, comme Ray Bradbury, je l'espère.

 

Bib14

Adieu vive clarté, Jorge Semprun

Mon premier Jorge Semprun. Je n'ai pas dû commencer par le bon. Il s'agit ici d'un livre de souvenir, une sorte de mémoire de sa jeunesse et de son arrivée en France, dans le contexte difficile de l'entre-deux guerres.

D'une famille aisée et extrêmement cultivée, il a hérité le goût du savoir et l'aptitude à l'analyse, ce qui rend ses souvenirs doublement sensés et émouvants.

Toutefois, j'ai pris peu de plaisir à cette lecture. Une écriture probablement un peu trop sur le souvenir justement, donc un peu décousue, quand j'attendais une autobiograhie plus critique et historique.

 

Bib15

La famille Fang, Kevin Wilson

Conseil de lecture qui m'a été donné pour quelqu'un d'autre, j'ai évidemment sauté sur l'occasion, à pieds joints et sans regret.

C'est encore une saga familiale. Mais d'la bonne cette fois. Les Fang sont artistes contemporains. Mais des artistes particuliers, qui estiment que l'art est à son paroxysme quand les spectacteurs n'ont pas conscience d'y assister. Ils sillonnent donc les Etats-Unis pour filmer leurs happenings tous plus déjantés / dangereux / humiliants les uns que les autres, entraînant avec eux leurs enfants (qu'ils appellent A et B, comme de bons accessoires).

A et B s'en accomodent comme ils peuvent, et sont ravis le jour ou ils arrivent à sa détacher de l'emprise familiale. Oui mais voilà, quand les parents Fang disparaissent de façon énigmatique et plutôt violente, Annie et Buster n'y croient pas, et les gènes artistiques reprennent le dessus.

Un résumé bien long pour un livre construit à la fois sur l'histoire en cours et les flash-backs des oeuvres réalisées par la famille. Un roman divertissant et perturbant, comme une oeuvre Fang...

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23 mai 2016

En voie de sédentarisation

Après avoir fait un demi-tour du monde toute seule, avoir porté des Louboutin en soirée, avoir obtenu un Bac+5, avoir été secrétaire de direction dans un service municipal, avoir réussi un concours de la fonction publique, avoir fait du parapente, avoir monté une étagère Ikea toute seule, je me disais naïvement que rien n'était hors de portée et que oui, je saurai parer à toutes les difficultés.

Erreur.

Il existe une épreuve qui combine l'excitation d'un tour du monde, la paperasse de la fonction publique, l'énervement de l'étagère Ikea, l'ennui du secrétariat. J'ai nommé : préparer l'achat d'un bien immobilier.

Il y a d'abord l'émoustillement, la joie de "se lancer" avec son amoureux, de trouver un lieu où on voit immédiatement où ranger la friteuse trouvée dans la poubelle (true story).

Et puis un chouya d'angoisse : ne nous sommes-nous pas trompé ? L'école en face va-t-elle nous pourrir nos grasses matinées pendant les vacances ? Le chien va-t-il nous faire tomber dans les escaliers ?

Mais là c'est tout gentillet encore. Ensuite, il faut démarcher les blanques (là c'est simple, y'en a des chères, y'en a des moins chères, et comme on n'est pas des négociateurs dans l'âme, un courtier l'a fait à notre place). L'horreur entre dans nos vies. Il faut présenter à cet organisme que nous allons nourrir d'intérêts pendant quelques dizaines d'années des preuves de notre bonne foi, bonne santé physique, bonne santé financière, caractère de primo-accédant (gros mot), il faut lui raconter notre vie sur les 2 à 5 dernières années, il faut lui raconter la vie de nos parents, au cas où ils auraient engendré des extra-terrestres, il faut prouver les vaccins de notre chien, au cas où... non, pas encore.

La constitution d'un dossier de cet ordre, c'est la maison qui rend fou. Explication. Vous envoyez consciencieusement 50 photocopies, assorties d'un mail avec les 50 mêmes documents en pièces jointes, mais il manque toujours quelque chose. La pièce d'identité n'est pas assez claire, il s'est déjà passé trois semaines, il faut donc renvoyer les derniers bulletins de salaire et les derniers relevés de banque, votre conjoint est auto-entrepreneur, il faut donc sa fiche de paie de décembre 2012 (oui, on est en mai 2016...). Vous avez rempli le questionnaire médical pour l'assurance, vite de préférence, pour accélérer les choses, mais une semaine après on vous dit qu'il faut un certificat médical attestant de la véracité des propos et des traitements éventuels en cours...

Déménagement1

Mais vous êtes fort. Vous vous accrochez. Vous avez bien pensé, une ou deux fois lors de vos insomnies, à abandonner et à rester locataire, juste pour être tranquille, juste parce que la dame qui vous appelle parle beaucoup trop fort dans le téléphone pour vous demander pour la cinquième fois de lui envoyer votre avis d'imposition 2014. Mais non. Persévérance. Et, enfin, sésame, vous avez constitué votre dossier. Il a été validé par la banque. Vous êtes soulagé. Vous êtes content. Un peu. Parce que vous êtes aussi endetté sur 23 ans. Re-angoisse.

Angoisse pâtinée d'impatience et d'énervement. Vous êtes d'accord avec la banque. Vous avez passé 2 heures à ouvrir un compte joint, changer d'assurance habitation, changer d'assurance voiture, souscrire à une assurance accident de la vie. Et vous repartez les mains vides. Oui, l'offre de prêt doit arriver par courrier. Oui, il faut un délai de réflexion de 11 jours. Alors vous attendez. Longtemps. Très longtemps. Tellement longtemps que vous vous mangez les mains pour vous occuper. Et, enfin, votre facteur (qui finalement vous devient plus sympathique), vous amène une enveloppe lourde comme un parpaing. A l'intérieur, des feuilles et des feuilles, auxquelles vous n'êtes pas sûr de tout comprendre, mais que vous paraphez consciencieusement comme le dit le post-it que la banquière a pris soin d'y accrocher. Vous pensez quand même vaguement que tout ça, que vous ne lisez pas, vous enchaîne pour 23 ans, mais vous signez.

C'est bientôt fini. Il ne reste plus qu'à prendre rendez-vous chez le notaire. Ouf. Vous commencez les cartons, vous avez hâte. Et puis, la veille de la signature de l'acte de vente, le notaire vous envoie une jolie pièce jointe dans un joli mail : vous devez 1734,02 euros au vendeur, pour les charges qu'il a versées au syndic et qui n'ont pas été utilisées... Ah oui. Voilà. Super.

Mais bon, vous êtes content. Parce que vous payez pour quelque chose que vous avez choisi et qui est à vous. Et que prochainement, vous y serez bien, dans cet appartement. Tout sera calé, rodé, payé, anticipé, et vous pourrez tranquillement vous lover dans le nouveau canapé, à grignoter vos frites-maison. Après la virée chez Ikea, le transport des quelques dizaines de cartons de livres (oui, vous êtes bibliothécaires), le choix d'un canapé et l'achat d'une carte de bus.

Mais c'est le premier pas vers la vie de grand, c'est un rite initiatique. On s'y fatigue, on s'y frotte, on s'y égratigne, mais on grandit ! (dis-je en croisant les doigts, touchant du bois et de la peau de singe.)

16 mai 2016

Pot-pourri (2)

Bib9Acide sulfurique, Amélie Nothomb

"Concentration" est une émission de télé-réalité dans laquelle les "candidats" (ils ne sont pas volontaires) rejouent un camp de concentration. Certains sont désignés prisonniers, d'autres kapos, et toutes les semaines les kapos tuent deux prisonniers. Le choix de ces deux élus est même laissé au vote du public. Roman écrit en 2005, on ne serait aujourd'hui presque pas étonné que ce show télévisé existe en vrai. Bref.

L'héroïne de "Concentration", Pannonique, refuse de se prêter au jeu, dans le sens où, justement, elle s'y prête. Je m'explique. Alors que d'autres "candidats" crient à l'injustice, tente de se faire remarquer, appellent à la clémence des spectateurs, Pannonique se fait discrète, accepte les humiliations, essaie de se fondre dans la masse. Comme un "vrai" interné en camp de concentration.

L'histoire repose sur le lien amoureux qui unit une des kapos, Zdena, à Pannonique. Zdena est intriguée, agacée, subjuguée par le comportement de Pannonique, ce qui l'amène à tenter de s'attirer un regard par tous les moyens possibles...

Une lecture addictive, effrayante de réalisme, et, le pire de tout, l'impression de lire un roman d'anticipation... A n'en pas douter un équivalent de "Concentration" sera un jour diffusé à la télévision. 

Bib8Le grand secret, René Barjavel

Amour, science, science-fiction, tout Barjavel se retrouve dans ce roman.

Dans la première moitité du XXème siècle, des scientifiques, des éminences politiques, des personnalités, diparaissent de la surface de la terre de façon radicale et mystérieuse. Jeanne doit survivre après la disparition de son amant, Roland. Elle refuse d'accepter cet éloignement et mène des années d'enquête pour découvrir qui a fait du mal à son amour, et pourquoi. Elle découvre un point commun assez étrange entre les disparus, ils auraient tous, peu de temps avant leur enlèvement, prononcé la même phrase...

Je n'en dis pas plus sur ce roman que j'ai lu deux fois. Il y est question de vie, de mort, de préserver le monde et l'espèce humaine, de captivité et de liberté, d'amour et de violence. Probablement l'ouvrage de Barjavel que j'ai préféré.

 

Bib10

Premier bilan après l'apocalypse, Frédéric Beigbeder

C'est un classement des 100 livres préférés de l'auteur, choisis selon des critères qui lui sont propres.

Même si je ne suis pas toujours d'accord avec les propos de Frédéric Beigbeder, son introduction est brillante. Il y est question de l'écriture, du livre, du lecteur, et de l'avenir de ces activités lentes et cérébrales au temps de l'immédiateté et du tout numérique.

Son classement donne des idées de lecture, et son savoir presque encyclopédique sur ce qui a été publié au XXème siècle est enrichissant. C'est en outre amusant de comparer son avis avec le nôtre le cas échéant...

Une lecture agréable, un livre à picorer de-ci de-là (on ne s'enfile pas les 100 critiques en une fois), bref, un livre qui ouvre l'esprit et incite à la découverte littéraire en dehors de nos propres sentiers battus.  

 

Bib7Le liseur du 6h27, Jean-Paul Didierlaurent

Ce livre a provoqué un petit tremblement de terre à sa sortie, vu l'engouement qu'il a suscité (et pas seulement chez les bibliothécaires !).

Guylain est employé au pilon et travaille toute la journée à l'entretien d'une machine broyeuse de livres. Invendus, rebus, blessés, les livres y finissent leur vie dans un fracas de bruit et de métal. Pour les bibliothécaires, c'est évidemment un sujet parlant, et pour les civils, c'est toujours un déchirement de s'imaginer des livres détruits...

Mais Guylain, dont le meilleur (et unique) ami est hadicapé après avoir perdu sa main dans l'impitoyable Zerstir 500, récupère chaque soir les quelques chanceuses pages qui ont réchappé du massacre pour les lire, le lendemain matin, dans le métro de 6h27.

Un résumé poétique, à l'image du livre qui fait sourire, à l'image de Guylain qui inspire à la fois tendresse et pitié. Grâce à sa manie de faire partager les mutilés de la presse à papier, Guylain trouve une amie, redonne de la joie à des personnes âgées, et nous offre un nouveau regard sur notre propre bibliothèque : et si chaque page était un petit trésor, comme ceux que Guylain collecte chaque soir ? 

 

Bib6Lila dit ça, Chimo

Le livre commence par une mise en garde de l'éditeur : Lila dit ça est arrivé à la maison d'édition de façon anonyme, sur des cahiers Clairefontaine raturés et remplis d'une écriture patte de mouche. Il a été publié tel quel, sans rien savoir de ce "Chimo". Est-ce vraiment le personnage éponyme qui livrerait une autobiographie ? Est-un anonyme qui s'est fait narrateur d'une histoire imaginaire ? Est-ce un auteur reconnu qui a voulu tenter quelque chose ?

Quoiqu'il en soit il est clair qu'en lisant cette "histoire de cité" on est en droit de se dire que, si un auteur reconnu l'avait écrite, personne ne l'aurait cru. Mais, comme elle nous est vendue par un gamin de banlieue on y croit.

Lila est une adolescente libérée, heureuse parce que naturelle, qui snobe tous ceux qu'elle juge indignes dans son entourage. A savoir les gros lourds, les machos, les violents... Chimo lui, est amoureux de Lila, et il en a peur. Une femme libre fait toujours peur. Mais Lila elle l'aime bien, Chimo.

C'est le récit de leur amitié qui nous est fait dans un langage parlé, cru et direct, à travers les yeux et la perplexité de Chimo. Un livre qui prend aux tripes, qu'on est content de refermer parce qu'on a peur de creuser et de comprendre que ça peut ne pas être qu'un roman...

 

10 mai 2016

On a souvent chanté tes ponts...

Aïe aïe aïe, on est mardi, et pas de message hier soir ! Oups ! Raison de cette absence : une virée à la capitale chez des amis, avec qui nous avons (comme tout le monde en ce week-end de l'ascension) été rendre visite à la dame de fer.

Jolie photo depuis lieu du pique-nique, et à la semaine prochaine !

Paris1

2 mai 2016

Salsa cubana

Modeste danseuse de salsa, lors de mon voyage à Cuba, il va de soi que j'ai (un peu) profité du savoir-faire cubain en la matière. Rien à voir (ou presque) avec la vidéo ci-dessous, c'est simplement que, lors de ce voyage, Bailando a rythmé nos journées (à raison d'une diffusion toutes les 10 minutes. ça laisse des traces). Cela dit, on danse la salsa si on veut sur Bailando !

Ce qui est appréciable, et hallucinant quand on débarque à Cuba, c'est que tous les cubain(e)s savent danser. La musique est partout, tout le temps, et le déhanchement est génétique. La danse est de toutes façons beaucoup plus présente dans les cultures latinos que chez nous, alors pour un européen c'est le choc des cultures quand on sent vibrer toute une foule au même rythme sans se faire marcher sur les pieds.

On peut donc danser avec tout le monde. Si on a peur d'inviter quelqu'un à danser, no problemo, on vient vous inviter. Mais sachez toutefois qu'à Cuba personne ne refusera de vous faire virevolter.

Je suis une fille. J'ai donc dansé avec des hommes. Certains "lambda", sans connotation péjorative, qui se contentent de partager une musique avec vous, avec des passes simples, sur le rythme et en faisant attention à vous. Il en existe aussi certains qui se regardent danser et avec lesquels vous faites office de faire-valoir. Assez peu, rassurez-vous, et on les repère vite. En revanche les "lambdas" sont précieux : attentifs à votre niveau, il s'adapte, et leur sens inné de la musique vous empêche de faire un faux pas.

Et, à Cuba, il y a aussi des professionnels de la salsa, des cubains qui ont étudié la danse et l'enseignent. Et là, attention les yeux, la démonstration technique est à couper le souffle. Ce ne sont pas toujours les danseurs les plus agréables, on peut vite avoir l'impression d'être larguée, mais si on parvient à se laisser transporter et à se détendre, on devient une sorte de diva provisoire de la salsa : portés, parfois acrobatiques, tours à n'en plus finir, tout passe grâce au savoir-faire du partenaire. Technique, rythme, écoute, tout y est, c'est jouissif.

A Trinidad, l'incontournable Casa de la Música et ses non moins fameux pavés accueille cubains et touristes pour de la musique live toute la nuit. Banissez les "chaussures de danse". Sur les pavés, vous les bousilleriez, et des tongs font aussi bien l'affaire. Admirez toutefois les cubaines qui se déhanchent sur des talons compensés vertigineux...

A La Havane, des boîtes spécialisées sont là pour... les touristes ! Oui, malheureusement (ou pas), la salsa est une des veines qui fait vivre le tourisme, et donc l'économie de l'île. Alors il est assez peu courant de croiser des cubains qui se font une rueda dans la rue (en même temps, nous, on se tape pas un laridé pour rigoler sur la place de l'église toutes les 5 minutes). En revanche, les jeunes gens qui vivent du tourisme dansent, et exclusivement, ou presque, avec des touristes. C'est un moyen de lier connaissance, de se faire payer quelques verres, de passer une belle soirée. Attention, même si l'arrière-pensée est parfois là, aucun malaise, aucune rancoeur si les attentes ne se concrétisent pas. Parce qu'à Cuba, on sait apprécier ce que la vie nous donne.

Seul bémol : au retour de Cuba, c'est difficile de danser à nouveau en France, avec des partenaires qui n'ont pas la salsa dans le sang... Cuba génère une frustration. Et encore, s'il n'en était qu'une...

 

 

25 avril 2016

Assumez vos talons ! (bordel) (ou au moins laissez-moi en porter)

Je porte souvent des talons. Je pense même pouvoir dire : quotidiennement. Des talons divers : carrés, fins, aiguilles, bas, moyens, hauts... Et j'entends de nombreuses remarques et réactions sur le fait que je porte des talons. Des réactions admiratives quand je suis sur des stilettos, des réactions étonnées quand je troque des bottines à talons carrés pour des escarpins à talons fins, des réactions ironiques quand je quitte mes tennis plates pour mettre mes chaussures à talons en arrivant à destination.

Petite étude du talon, en toute simplicité.

Le talon est un peu comme un instrument de torture. Douloureux mais excitant, il suscite fascination et répulsion tant sur celle (celui ?) qui le porte que sur celui (celle ?) qui le regarde porté. Le talon est devenu un symbole et, comme tous les symboles, il signifie tout et son contraire.

Talons1
C'est d'abord la féminité. A priori de nos jours, seules les femmes portent des talons. Toutefois, et loin de moi l'idée d'écrire une histoire de la chaussure (j'en serai bien incapable et d'autres ont fait ça beaucoup mieux que moi : https://www.amazon.fr/S%C3%A9duction-chaussure-Quatre-si%C3%A8cles-mode/dp/2884531386?ie=UTF8&*Version*=1&*entries*=0), il me semble qu'au fil des siècles, les hommes ont eux aussi porté des chaussures dont l'appui méritait un peu plus que le nom de "talonnette"...

Quoiqu'il en soit, aujourd'hui dans l'imaginaire collectif une femme dite "féminine" doit porter des talons pour l'être. Pour certains, le talon fait même la féminité, passant outre la tenue, la classe, le sourire, la répartie etc... Il suffirait de porter 7 cm pour être féminine. Mouais. Même si on marche comme un camionneur ou comme un néophyte qui avance en chaussures de ski pour la première fois. Passons.

Je suis évidemment d'accord avec une partie de cette analyse : oui, le talon accentue la féminité, galbe la jambe, confère au corps une meilleure tenue et à la démarche un soupçon d'élégance (si maîtrisée, la démarche, cela va sans dire). J'entends déjà sourdre les grondements de quelques féministes par-ci par-là qui accusent mon propos d'être celui imposé par le pouvoir des couillus qui dominent le monde sous le simple prétexte qu'ils ont un chromosome Y. Non. Il va de soi qu'on peut avoir de l'allure, de la tenue, de la classe quand on est une femme sans porter de talons.

Les affreux pendouillards susmentionnés y sont quand même pour quelque chose dans cette image "glamour" du talon. Il faut bien l'avouer, passer la journée à déambuler sur plus de 7 cm, c'est douloureux. S'infliger cela soi-même pourrait être assimilé à du masochisme. Se le laisser imposer par un homme est un acte ignoble de soumission au machisme rudimentaire. Le faire uniquement pour séduire un poilu tient un peu de l'auto-flagellation. (Mais on l'a presque toutes fait non ?)

Le truc, c'est que les hommes ont été de tous temps un peu formatés sur la question de la beauté et de la féminité. Pour eux, une belle femme c'est Rita Hayworth, Brigitte Bardot, Louise Brooks selon les époques (notons que les talons ne sont pas toujours de mise). Une femme féminine et bien habillée, c'est une femme en talons. Et voilà-t-y pas qu'on se rebelle, qu'on leur dit qu'on veut disposer de nos corps comme on veut et qu'on se met à porter des ballerines, des tennis, des sneakers même, pour sortir. Déboussolés sont nos petits chéris. Alors affrontement avec les féministes, traitées de tous les noms, amalgames et compagnie, bref, le talon comme symbole de la libération/asservissement des femmes.

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Un peu ébranlés par cette mutinerie féminine, eux comme nous avons eu quelques difficultés à assumer le goût pour les talons. D'autant que, le talon, c'est aussi, plus qu'un symbole de féminité, un symbole érotique... L'allongement des jambes, l'appui frêle sur une chaussure qui met en valeur la courbe... du pied (mais pas que), bref, n'importe quelle image érotique ou pornographique semble conditionner tout acte physique au port de talons de 20 cm avec plate-forme de 6 cm. Là encore, lutte entre les sexes (ah ! ah !), qui se cristallise autour d'un bête escarpin.

 

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Le talon porno, on est d'accord. Mais que dire du talon de mémère ? A savoir le talon carré, de 3 à 4 cm, qui termine une chaussure souvent noire ou bleu marine ? Mais oui ! N'oublions pas la diversité de nos pilotis ! Un talon, cela peut aussi représenter le classicisme, l'autorité, la stabilité. Comme quoi un talon, ça peut se respecter, sacrebleu !

 

Talons4Cela peut se respecter d'autant plus qu'un certain girl power anime les années 2000, et qu'une femme aujourd'hui chaussée d'escarpins à talons hauts indique souvent une femme de pouvoir. Le pendant féminin des loups de Wall Street. La carriériste qui a réussi, mène son monde à la baguette, et a su imposer ses compétences. Grâce à ses talons ?

 

 

Pour ma part, j'assume les talons, j'assume  d'aimer porter des talons, j'assume que mon homme aime me voir en talons, et je maintiens que, si une chaussure peut en dire long sur son propriétaire, un talon n'en dit pas plus qu'un mocassin ou une espadrille. Alors arrêtons les fantasmes autour du talon, contentons-nous de ne pas en porter, ou d'en apprécier la sensation.

Oui, même si c'est parfois douloureux, porter des talons confère également un sentiment d'être présent. Le bruit d'abord. Ensuite, il nous oblige à soigner notre démarche, à nous maintenir le dos droit et les épaules ouvertes, à accentuer notre port de tête. Pour moi, le talon est un moyen de se rappeler aux yeux du monde, d'exprimer visuellement ce que l'on ne perçoit pas tout de suite de nous, tout en acceptant la fragilité qu'il génère... Certes, sur des talons on ne s'enfuit pas et on est sujette au faux-pas. Mais on voit le monde d'un peu plus haut.

Autrefois j'ai travaillé avec un artiste, qui préparait un projet autour de  la chaussure féminine. Il avait réalisé, en plâtre, des escarpins hauts qu'il avait pris en photo. Puis il les a portés. Ils se sont cassés. Il a pris une photo des escarpins cassés. La mise en regard des deux photos m'a paru être une expression juste, sensible, et réaliste de ce que je ressens parfois en tant que femme.

Et sinon, je vous ai dit que les talons, c'est un super moyen de faire sa pétasse ?

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18 avril 2016

Pot-pourri (1)

Bib1Attentat, Amélie Nothomb

Depuis que je me suis remis à Amélie Notomb, j'ai envie de relire Métaphysique des Tubes, qui m'avait à l'époque fait arrêter... Car encore une fois Attentat se dévore, avec son écriture si spécifique, ses dialogues toujours ciselés, ses prénoms toujours improbables (ici, c'est Epiphane et Ethel).

Dans Attentat, laideur et beauté se rencontrent, font un bout de chemin ensemble, et se séparent. Epiphane est laid, très laid, du genre Quasimodo, mais même pas difforme, Epiphane est l'essence même de la laideur. Il le sait, en joue, est cultivé, et rencontre Ethel, dont il tombe instantanément amoureux. Sans le lui dire bien sûr, sa laideur l'en empêche, il ne voudrait pas souiller la perfection d'Ethel par ses sentiments. Ethel est belle, et au-delà de ça, elle est douce, gentille, juste, généreuse... mais comme toutes les femmes elle tombe amoureuse du mauvais homme, de celui qui ne la veut que comme un trophée, qui ne s'intéresse pas à toutes ses qualités. Epiphane, en bon ami, est le réceptable des frustrations d'Ethel.

Outre leur relation, Amélie Nothomb décrit, comme toujours, les paradoxes et la dureté du monde actuel. Notre rapport à l'image, l'attraction-répulsion suscitée par toute chose hors du commun, et ajoute sa marque de fabrique : une touche japonaise, cette fois dans une ville exposée aux vents sibériens.

Comme tous les romans de la Belge, à lire avant et après des écrits très différents, n'évidemment pas enchaîner les Nothomb, et vous serez surpris par la fin (qui est pourtant tellement prévisible quand on connait le phénomène et qu'on a compris le sens de son oeuvre...) 

 

Bib2Colomb de la lune, René Barjavel

Ouvrage publié en 1962. Barjavel nous présente sa version de l'homme sur la Lune. Une version à la fois sombre et éthérée, comme une envie de fuir la Terre, pourrie d'humanité, pour trouver un ailleurs plus sain.

Un ailleurs où l'on se souvient que ce sont les vaches qui produisent le lait, et où l'on se souvient par quel miracle de la nature. (Oui, déjà en 1962, certains précurseurs s'alarmaient du bien-être de toute vie sur Terre. Ce n'est pas une découverte pour Barjavel).

Et l'élu pour cette mission de découverte de notre satellite s'appelle Colomb. Il est marié, mais ça n'a pas grande importance pour lui. Pour sa femme non plus d'ailleurs, qui a compris depuis longtemps qu'elle arrivait loin derrière la Lune dans le coeur de Colomb. Elle séquestre donc un jeune homme pour la satisfaire, pour qu'elle se sente belle, pour qu'elle ait quelqu'un à chérir et ne pas mourir seule.

Colomb, lui, a toujours été dans la lune. C'est probablement pour ça qu'il est choisi. Après tout de même des mois et des mois de préparation, son oeuf spatial prend son envol devant les yeux ébahis de l'humanité entière qui acclame son premier colon...

La suite est à lire. L'envol de Colomb, son sommeil, son rêve qui se réalise, les aléas du voyage... Pour une fin dont on ne saurait dire si elle est heureuse ou non. Les personnages en sont chacun ravi. L'humanité que nous sommes peut se poser la question. 

 

Bib3Le collier rouge, Jean-Christophe Ruffin

Celui du chien de Morlac, emprisonné dans une bourgade où il fait très chaud, trop chaud, pour avoir insulté la mémoire de nos héros de 1914. Guillaume, le chien, aboie toute la journée pour signifier à son maître qu'il est là, il l'attend.

Un juge militaire est nommé pour comprendre le geste de Morlac. S'ensuit une enquête douce, au rythme du poids de la chaleur et des séquelles de la Grande Guerre. Pourquoi cet outrage aux militaires ? Pourquoi refuser de raconter ? Pourquoi avoir rendu visite à Valentine ?

Un petit livre juste, léger malgré son contexte, qui ne parle pourtant pas de la première guerre mondiale. Certes, il fait appel à nos sentiments avec une histoire d'amour tellement impossible qu'elle en devient féérique, malgré la boue et la diffamation. Mais on attend patiemment, comme Guillaume, la libération de Morlac, et la juste fin de cet épisode dans l'Histoire, comme s'il allait absoudre l'horreur des 4 ans que les protagonistes viennent de subir.

A lire un peu n'importe où, tant la prose de Jean-Christophe Rufin s'avale comme un rien. 

 

Bib4Le carnet retrouvé de Monsieur Max, Bruno Doucey

Imaginons que Max Jacob, lors de ses derniers jours à Drancy, ait écrit son journal sur un petit carnet jaune. Imaginons que, lors de ces derniers jours, il ait fait la connaissance d'un jeune garçon. Imaginons que l'on ait retrouvé ce carnet.

Voilà l'exercice qui se tient dans cet ouvrage sans prétention. Qui ne refait pas l'histoire, ne donne pas de leçon, mais se contente d'ouvrir une brèche de poésie dans la sordide fin d'un homme qui a pourtant passé sa vie à décortiquer les mots pour rendre le monde plus beau.

Là encore un livre qui se lit vite, avec le sourire gêné que suscitent encore les fictions dites "légères" sur la déportation. Une lecture intimiste. 

 

Bib5N'entre pas dans mon âme avec tes chaussures, Paola Pigani

Livre découvert lors d'une formation ou il s'agissait de reformuler le texte que des bibliothécaires avaient commis pour inciter à venir rencontrer l'auteur. La façon dont j'ai réécrit cette comm' m'a fait me dire que oui, j'aimerais lire ce livre inspiré d'une histoire vraie, celle d'une gitane qui se souvient de son internement dans le camp des Ailiers pendant la seconde guerre mondiale.

Entrée à 14 ans, elle en ressort à sa fermeture à 20 ans, soit un an après l'armistice, en mai 1946. L'histoire d'une femme. Et à travers elle celle d'un peuple, maltraité depuis toujours, qui sait si bien survivre et garder ses traditions malgré l'oppression, les regards en biais et le rejet permanent.

Le joli titre de ce premier roman est un proverbe tzigane, qui dit toute la force, le secret et la fierté d'un peuple que rien ne peut contenir ni arrêter.

Une femme à rencontrer, pour sa vie à la fois hors du commun et finalement si banale, un roman à lire pour entr'apercevoir, si ce n'est comprendre, un peuple qu'on ignore par (mauvaise) habitude.

 

11 avril 2016

Fanny et les tomaisons (2)

Suite du palpitant épisode précédent.

Je vais aujourd'hui vous faire entrer dans les resoins obscurs du catalogage, avec une capture d'écran de l'instrument de torture qui me sert de logiciel professionnel pour résoudre mes problèmes de tomaison. 

Vsmart1

Maintenant, quand je parle de "200$a", vous visualisez. Cela ne vous traduit pas pour autant le sens de ce barbarisme, mais au moins c'est concret.

Vous voyez donc que chaque champ (073, 100, 200, etc...) est subdivisé en sous-champ (les fameux dollars), et nous incombe, à nous bibliothécaires, de remplir ces champs et sous-champs avec l'information qu'ils sont sensés contenir.

Pour mon chantier tomaison, voici ce que je m'applique à corriger sur chaque notice concernée :

073 : c'est le champ qui permet de "biper" l'ISBN. Donc, quand code-barre bipable d'ISBN il y a, je bipe (avec la douchette comme celle des caissières au supermarché).

100, données générales : la date de création de la notice, la date de publication de l'ouvrage, le niveau intellectuel de l'ouvrage (s'il s'adresse à des enfants, des universitaires, tout public...), bref, des données assez techniques qui servent surtout aux bibliothécaires.

101, 102, 106 : je vérifie que ces champs sont remplis. Là, c'est la langue de publication et éventuellement de traduction, le pays de publication, et le caractère physique de l'ouvrage (manuscrit, impression normale, micro-impression...).

200, titre/mention de resp. : ça se complique. C'est un champ primordial car visible du public et qui reprend les informations essentielles concernant le document.

$a, titre propre : c'est là que je mets le fameux titre de série, c'est-à-dire le titre général de ma tomaison, et non le titre du tome, comme c'est souvent le cas jusque là.

$b, type de document : c'est un truc de bibliothécaire, j'y inscris "Texte imprimé" (ça peut être article si c'est une notice de dépouillement. On y reviendra peut-être un jour... ou pas !).

$e, sous-titre significatif : éventuellement, s'il existe (exemple : Prince Valiant (titre propre), Au temps du roi Arthur (sous-titre)).

$f, mention de responsabilité : c'est l'auteur.

$h, numéro de partie : aaaaaah, champ spécifique aux tomaisons ! J'y inscris ce qui figure sur la page de titre. Cela peut donc être "1", ou "1ère partie" ou "Tome 1" bref, vous voyez.

$i titre de partie : idem, champ de tomaison, c'est là qu'on met le titre du volume soit "P -Z" si c'est un dictionnaire, ou "Faucon de mai" dans l'exemple cité dans l'article précédent. 

207, numérotation du périodique : champ rempli à tort par certains de mes prédécesseurs pour indiquer le numéro de partie. Or, une tomaison n'étant pas une publication périodique, je supprime ce champ !

210, adresse (lieu, éditeur, date) : je vérifie que les données d'édition sont remplies et correctes (c'est heureusement toujours le cas).

461, lien (titre d'ensemble) : WARNING ! C'est ZE champ qui merdouille, c'est ZE champ qui m'amène à corriger une notice :

$t, titre : j'y inscris le titre propre, la même chose qu'en 200$a, donc. C'est ce sous-champ qui pose souvent problème, car il a souvent été copié, lors des migration de fichiers, en 461$a, soit la vedette auteur, et donc les recherches par titre n'aboutissent plus...

$i, titre de section : le titre de notre tome, un sous-champ souvent non rempli, que je m'empresse de compléter !

$v, numéro de partie : le numéro de la tomaison, cette fois formalisé donc indépendant de la forme qu'il prend sur la page de titre. C'est donc uniquement un chiffre, ou une suite telle que "1 1/2" si la première partie est divisée en plusieurs tomes (oui, ça existe). Mais je n'inscris plus (comme le faisaient mes prédécesseurs) 1/6 de façon systématique. Si chaque tome n'est pas subdivisé, je me contente d'en inscrire le numéro. (D'autant que, à la parution, on ne sait pas forcément combien de tomes va contenir une tomaison (vous imaginez si on faisait ça pour les Astérix ? Il faudrait constamment revenir sur les notices des tomes précédents).

620, accès par lieu d'édition : c'est un champ d'indexation, c'est-à-dire qu'il est interrogeable et permet de faire remonter toutes les notices contenant un mot matière. C'est le champ où l'on rentre le pays et la ville d'édition, de façon formalisée. Par exemple, si l'ouvrage donne "Kemper" (Quimper en breton) en lieu d'édition, on l'indique tel quel en champ 210, mais on le rentre à "France Quimper" en 620. 

801, source de catalogage : les notices qui figurent dans la base de données sont bien souvent des notices importées. Celles du fonds dont je m'occupe ont parfois été importées il y a 30 ans, avec des sources comme Electre, Libermedia, Dialogue, la BNF etc... donc je corrige ce champ en y indiquant "..." non, je ne vous le dis pas, mais vous le devinerez sans doute, j'y inscris le nom du lieu où je travaille, et j'entre la date du jour.

Et voilà, attention les yeux, ma notice est propre, et donne maintenant ça : (à comparer à celle de l'épisode précédent)

FEUILLETONTRAVAUX04

Vous en conviendrez, ça a un peu plus de gueule ! 

Ainsi se termine l'histoire de la petite notice perdue dans les limbes d'un logiciel de catalogage. Elle vécut heureuse et eut plein de consultation avec un public enthousiaste !

 

 

4 avril 2016

Fanny et les tomaisons (1)

Je suis bibliothécaire. Personne n'est parfait. Et, en 2016, gros chantier de travail sur les collections du service patrimoine. Ce qui veut dire : de la correction de notice systématique, de l'actualisation d'indexation, sur un fonds de quelques 30.000 notices.

Cela veut dire, je vous préviens, que cet article est susceptible d'être écrit dans une autre langue. La langue du catalogage. Langue assez hermétique d'emblée.

Cela veut dire aussi qu'en 2016, je me révèle une bibliothécaire digne des clichés les plus ancrés. La psychorigidité qui me caractérise (on m'a récemment fait remarquer que ranger ses épices par ordre alphabétique dans sa cuisine est étrange...) s'épanouit pleinement, dans un travail systématique, répétitif, codé et complètement inconnu du grand public. (C'est pourtant pour lui que je travaille, bordel.)

Premier chantier auquel je m'attaque : les tomaisons. A savoir, les ouvrages parus en plusieurs tomes qui, réunis, forment un tout cohérent. Exemple pas très fun : le Grand Dictionnaire français-breton du dialecte de Vannes, en trois parties découpées comme suit : A - E, F - O, P - Z. Exemple un peu plus fun : La légende arhturienne en deux parties découpées comme suit : Faucon de mai et Le trône de l'été. On se marre déjà hein ?

Vous vous dites sûrement : oui, et alors ? C'est quoi leur problème à ces tomaisons dont l'intro nous ennuie déjà ?

J'y viens.

Voyez vous, les ouvrages d'un fonds patrimonial sont destinés à être conservés. Evidence. Dans notre monde désormais informatisé à outrance, les notices de ces ouvrages sont cataloguées via des logiciels. Comme tout logiciel, les logiciels de bibliothèque sont actualisés, et, surtout, comme dans toute entreprise, les décideurs décident souvent de changer de logiciel. Et là, ceux d'entre vous qui sont amenés à gérer des fichiers clients me voient venir : à chaque changement de logiciel, il faut importer le fichier du nouveau vers l'ancier. Aïe. Cette importation génère TOUJOURS des corruptions dans les fiches. Adresse pas sur la bonne ligne, nom tronqué, champs de renseignement oublié (et donc perdu), et j'en passe.

Sur des notices créées aux origines de l'informatisation dans les années 80, ça veut dire une dizaine de migrations, ça pique. Sans compter qu'aux origines de l'informatique, les logiciels étaient disons... nouveaux-nés ! Donc les bibliothécaires travaillaient avec des champs de titres dont le nombre de caractère était limités, avec des champs qui n'existaient tout bonnement pas (exemple : le numéro de partie de la tomaison, ou l'ISBN).

Bref, j'essaie de résumer. Dans notre collection nous faisons donc face, concernant uniquement le chantier des tomaisons, à ce genre de problème :

- titre général perdu lors des migrations à cause d'erreur de champs

- titres de partie inexistant parce que non renseigné

Vous voyez, c'est pas compliqué !

Du coup vous vous dites : bah alors, où est le problème ? Le problème, c'est que ça représente 3000 notices. Ok, c'est mon problème. Le problème, c'est que ce n'est pas corrigeable en série, parce que les différentes migrations ont généré des états de faits très divers. Ok, c'est toujours mon problème, mais ça veut quand même dire : 3000 notices à corriger UNE PAR UNE ! Le problème, et là ça vous concerne, c'est que sur Internet (qui n'existait pour ainsi dire pas au début des logiciels de bibliothèque), les notices étant mal complétées vous ne trouvez pas ce que vous cherchez, ou vous trouvez des choses comme ça :

FEUILLETONTRAVAUX03

Vous en convenez, c'est un peu obscur. P - Z, ok, mais... ça parle de quoi ? D'autant que, si on réfléchit bien qu'avez-vous bien pu écrire comme mots de recherche pour tomber là-dessus ? A priori rien... Ce qui veut dire, en vrai, que cet ouvrage est de fait perdu pour le public. Personne ne le trouve, donc personne ne le demande, donc ce pauvre petit bout est condamné à rester pour l'éternité sur une étagère dans l'ignorance absolue des bibliothécaires qui sont sensés le bichonner et du public qui est sensé le consulter.

Objectif pour les super-héros du catalogage : rendre visible des ouvrages patrimoniaux, pour valoriser les collections et, surtout ne pas en perdre le contenu !

Introduction terminée, dans le prochain épisode on parlera de 200$i, de 461$t, bref, de technique de catalogage. Et, sous vos yeux ébahis, vous constaterez la nécessité et l'efficacité de ce travail de bénédictin/fourmi/titan en découvrant la notice ci-dessus toute pimpante !

 

 

29 mars 2016

Vampires et littérature

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Certes, le terme littérature est peut-être un peu pompeux pour décrire les romans inspirés de la série Buffy contre les vampires. Mais, pour quiconque, comme moi, a grandi avec la Tueuse, ça fait du bien de retrouver la petite Willow, le méchant Spike et tous les autres, dans des histoires qui auraient très bien pu constituer des épisodes.

On y retrouve ce qui a fait le succès de la série, à savoir de l'humour, des personnages auxquels on s'identifie, des scenarii inspirés de la littérature fantastique modernisés. Evidemment, les revendications féministes et le second degré de la série sont moins évidents. Quant à l'écriture bon... évidemment c'est pas du Sartre, mais si l'on aime l'univers ça se lit agréablement !

Bonne nouvelles : il existe à ce jour 5 tomes identiques à celui ci-contre, soit une vingtaine de "romans", et il me semble que les parutions continuent !

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Deborah Harkness est l'auteur de cette trilogie comprenant Le livre perdu des sortilèges, L'école de la nuit et Le noeud de la sorcière.

J'ai immédiatement accroché parce que Diana, l'héroïne, est universitaire spécialisée dans l'étude des travaux alchimiques à la fin du moyen-âge, et à ce titre passe un bon tiers du premier tome dans une bibliothéque précieuse à consulter des manuscrits des XIVè et XVè siècles. Avec le cérémonial qui entoure ce genre d'objet, les demandes de consultation, la lumière contrôlée, le lutrin et tout le tralala. Bref, je m'y retrouvais.

Diana est une sorcière refoulée, qui n'a jamais assumé ses pouvoirs et s'imagine que c'est un fardeau. Elle rencontre un homme ténébreux et inquiétant qui semble l'épier et la suivre. Evidemment, c'est un vampire. Ils tombent éperduement amoureux, comme de bien entendu, ce qui semble déplaire à la plupart des membres de la Congrégation, assemblée de sorcières-démons-vampires dont le rôle est de cacher l'existance des-dites Créatures aux sang-chaud, à savoir nous, humains.

S'ensuivent bien évidemment des péripéties, des dangers, une enquête pour remonter aux origines des Créatures, le tout sur fond de voyages dans le temps, demeures grandioses, et amour inconditionnel.

J'ai beaucoup aimé, même si le format trilogie amène quelques longueurs, mais l'enquête qui prend des allures de roman historique et nous fait rencontrer William Shakespeare, et les recherches universitaires sur vieux papiers sont bien menés. Les vampires ne sont pas des brutes comme dans Buffy, mais se rapprochent davantage de la perfection de la famille Cullen (cf. Twilight, évidemment), quant aux démons rien à voir avec les monstres qui côtoient la Tueuse, on est davantage du côté du geek-artiste-à côté des ses pompes.

Pourtant, l'auteure a la délicatesse de faire référence à Buffy, lorsque Diana dévoile son secret à son meilleur ami humain... Comme quoi, la Tueuse est partout ! 

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Je n'ai même pas pu attendre le chapitre qui lui est consacré pour mentionner Twilight. Donc, Twilight, de Stephenie Meyer. Dont tout le monde a du entendre parler, suite à l'adaptation cinématographique avec Bob Pattinson et Kristen Stewart. C'est d'ailleurs cette adaptation qui m'a décidée à lire les romans. Et il m'a fallu du courage et de la persévérance pour arriver au bout.

Romans pour adolescentes (il est classé en jeunesse dans la plupart des bibliothèques), on retrouve l'identité de la littérature ado dans ces écrits. Je n'ai rien contre, mais quand on a passé 25 ans c'est pesant... En terme de littérature c'est donc un peu léger (sans être tout de même au niveau des pâquerettes).

Pour l'histoire, ça pue le romantisme à plein nez. Des vampires trooooooooooop beaux, troooooooooooop riches, troooooooooooooop mystérieux, une donzelle un peu rebelle qui s'attire les foudres de tous les méchants du coin, ça donne une histoire d'amour à l'eau de rose qui, pour les adultes, manque tout de même un brin d'action (oui, le vampire, comme il est né dans les siècles passés, respecte beaucoup les convenances XIXème...)

Bref, j'ai finalement réussi à terminer la tétralogie, ce qui m'a permis de constater que, parfois, les adaptations cinématographiques ont du bon. Même si j'ai tendance à conseiller Buffy à des gens qui ont suivi la série, pour rien au monde je ne conseillerai Twilight à des lecteurs de plus de 18 ans !

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Ceux-là en revanche, sont pour les plus de 18 ans ! Pour continuer sur les références cinéma, en lisant Le livre sans nom et l'Oeil de la lune, les deux premiers d'une série écrite par un "anonyme", on a l'impression de lire le scénario d'un film de Quentin Tarantino. C'est sombre, c'est glauque, c'est crade, ça picole, ça canarde, mais c'est tellement drôle !

Le héros, ou anti-hérons, le Bourbon Kid, est un genre de cow-boy vengeur, alcoolisé et psychopathe, dont on découvre la sombre histoire au fur et à mesure... Les clichés vampiriques sont là : clair de lune, dents acérés et goût pour le sang (et le bourbon), avec toujours ce petit côté romantique qui fait qu'un vampire, ça tombe toujours amoureux d'une fille bien.

A conseiller sans modération, et à lire partout ! Une écriture débridée, qui file à 100 à l'heure et tellement imagée qu'on a l'impression d'être devant sa télé.

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La trilogie suivante est tout aussi cinématographie mais bien plus sombre, et demande un peu de patience avant d'entrer dans le vif du sujet. La lignée, La chute et La nuit éternelle, de Guillermo Del Toro et Chuck Hogan, racontent la fin de notre monde suite à l'avènement d'un maître vampire qui colonise les terres, asservit les humains, et multiplie sa race.

Les héros sont des gens ordinaires : les premiers à découvrir l'infestation, deux médecins du centre de contrôle des maladies infectieuses, le fils de l'un d'eux, un vieux professeur que tout le monde croit fou qui a passé sa vie à traquer THE vampire, et un dératiseur de la ville de New-York, habitué à la vermine.

Dans cette histoire, les vampires ne répondent pas à l'imaginaire légendaire. Physiquement ils sont hideux, et ressemblent davatage aux Turok-Han de Buffy qu'à Edward Cullen. Le mode de vampirisation n'est pas aussi romantique qu'à l'accoutumée, et s'apparente davantage à un viol qu'à un baiser, et au lieu de nous tuer, les vampires préfèrent nous parquer façon Auschwitz pour avoir toujours de quoi se nourrir à proximité... 

Une trilogie noire, à lire dans un temps calme, car il faut réellement se plonger dans l'univers, oublier tout ce qu'on croit savoir des vampires et se projeter davantage dans un thriller que dans un roman fantastique. Une lecture captivante, une fois passées les cent premières pages (qui, comme le disait Umberto Eco, sont en quelque sorte un test pour vérifier l'engagement du lecteur...)

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Non, je déconne.

 

 

 

 

23 mars 2016

Sur les pas de Don Quijote de la Mancha

Autre avantage d'Avilá (cf. article précédent), c'est qu'elle est centrale pour aller visiter de splendides villes castillanes, et rentrer au calme après deux jours d'escapade.

Pendant mes deux mois en Castille, j'ai pris le temps d'aller faire un tour à Salamanque, Ségovie, Tolède et, évidemment, Madrid.

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Salamanque, c'est sa plaza mayor et sa célèbre université, dont la façade un rien décorée vous donnera la migraine. Comme tous les touristes, vous essaierez de trouver la grenouille et le cosmonaute sur ce "Où est Charlie" géant, et vous finirez par sortir votre Smartphone et demander à Google.

Salamanque, même si j'en reconnais la majesté, par son histoire, son architecture, ne m'a pourtant pas transcendée.

 

J'ai très nettement préféré Ségovie, une ville qui m'a semblé moins factice, moins figée, moins solennelle, et tellement plus vivante ! C'est peut-être simplement pour la simplicité de son aqueduc romain, fin, élancé, qui semble si fragile et qui pourtant illumine la cité depuis quelques siècles de plus que l'université de Salamanque... Rien à voir avec l'Alcazar, dont l'architecture massive inspire tout à fait le respect dû à ce monument militaire.

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Avila5J'ai, comme Don Quichotte, continué mon tour de Castille par Tolède. Elle se rapproche d'Avilá par son côté perché (au sens propre) et isolé. On n'accède pas comme on veut à Tolède, et une fois qu'on y est entré, mieux vaut chausser les baskets ! Ville escarpée sur le Tage, elle offre de superbes vues sur les environs, si toutefois l'on arrive à se lasser de la beauté de ses rues.

Outre le célèbre Don Quichotte, Tolède est aussi la ville d'El Greco. Moins idéaliste et moins drôle que le premier, le peintre y a réalisé beaucoup de ses tableaux et y a laissé la vie. Le musée qui lui est consacré, dans le quartier juif de la ville, vaut le détour.

On ne saurait passer par ces trois villes sans s'arrêter au moins 3 jours à Madrid. Capitale européenne, avec tout ce qui caractérise les capitales européennes (du monde, du bruit, des boutiques, de la vie), mais avec la touche baroque qui nous fait tous aimer l'Espagne et les espagnols.

Mention spéciale au musée de la Reine Sophie, qui abrite, outre les plus célèbres tableaux de Goya, le Guernica de Picasso. Je me souviens très bien de l'effet que m'a procuré ce tableau. Arrivée devant, collée au périmètre délimité par une cordelette, j'ai ressenti une profonde déception. Je m'en suis détournée, pour aller voir le "3 de mayo" de Goya qui se trouve au fond de la salle. Il faut donc faire demi-tour pour continuer la visite. Et là, lorsqu'on se retourne, on est à une vingtaine de mètres face à Guernica. Le choc. Un tableau de cette taille s'apprécie forcément avec du recul. Il dégage une puissance folle, on le prend littéralement dans la figure, et on comprend, à ce moment-là, l'impact que peut avoir une oeuvre d'art.

J'ai aussi fait ma touriste à Madrid en allant voir et écouter du flamenco. Un moment important pour moi, même si je reconnais que j'ai vu un flamenco manquant un peu d'âme...

Si vous suivez ce blog depuis quelques temps, vous vous rappelez peut-être que j'étais en Espagne en 2006. Si je précise que j'y étais en juin 2006, certains accros au foot verront peut-être où je veux en venir... Oui, j'ai vécu le huitième de finale France-Espagne à Madrid. Défaite de l'Espagne. Je suis sortie après le match, me disant que j'allais peut-être éviter de deviser dans ma langue maternelle. J'aurais pu ! J'ai à cette occasion constaté que la solennité espagnole n'est pas toujours de mise : après une défaite pourtant cuisante, les espagnols faisaient la fête à la Puerta del Sol, loin de la morosité qui accompagne nos défaites nationales en territoire français !

 

 

 

 

20 mars 2016

Avilá, Sainte Thérèse et Sainte Fanny

Pendant les études, les stages sont un excellent moyen d'aller explorer le monde. Du travail, certes, mais aussi le monde tout court. C'est pourquoi en 2005-2006, lors de la première année de mes études dans le patrimoine, j'ai voulu partir à l'étranger pendant mes deux mois de stage. 

Je voulais peaufiner mon espagnol (déjà éprouvé au Mexique), et voir du pays. J'avoue que l'intérêt professionnel du lieu, du sujet et de la problématique à travailler arrivait en second plan. Pourtant, j'ai eu de la chance. Après avoir inondé les villes espagnoles inscrites au patrimoine mondial de l'Unesco de ma motivée candidature, j'ai reçu, entre autres une réponse du Musée d'art oriental d'Avila.

Avila9La responsable de ce musée a répondu à ma candidature pour plusieurs raisons dont, hormis ma compétence évidente (!), le fait que j'étudiais pour obtenir le même diplôme qu'elle, et le fait qu'elle aussi était française. Mine de rien, ça crée des liens.

Etonnant, me direz-vous, qu'un musée dans une ville classée au patrimoine mondial de l'Unesco soit géré par une française. Non ? Et bien, il se trouve que ce cher et mignon musée est propriété d'un monastère, et donc de la confrérie qui y vit, et que, malgré la richesse de son patrimoine, l'Espagne est (était, on est en 2006) en retard dans la formation de ses professionnels dans ce domaine.

Je ne vais pas m'étendre sur les formations patrimoniales en France. Vous me remercierez plus tard. En revanche, le monastère vaut la peine qu'on s'y attarde. Il s'agit du Monasterio de Santó Tomás, habité par une confrérie dominicaine, qui, fidèle à son ordre, a une longue histoire de missions en Asie afin d'apporter la bonne parole aux chinois, japonais, vietnamiens et j'en passe.

A ce titre, nos amis les moines ont rapporté de leurs voyages une superbe collection d'objets orientaux, qui sont aujourd'hui exposés dans le non moins superbe monastère. Monastère célèbre si l'on peut dire, puisqu'il date de la grande époque de Ferdinand et Isabelle, et compte 4 cloîtres, une rareté. Oui, si vous cliquez là


et que vous allez lire ce que les frères ont écrit, vous verrez "tres claustros", soit "trois cloîtres". C'est simplement une astuce pour touriste, car le quatrième cloître n'est pas accessible au public. C'est le lieu de vie de la confrérie, c'est donc un espace privé, et il a semblé plus judicieux d'éviter la frustration chez les visiteurs, qui sortent déjà émerveillés de la visite des trois autres cloîtres.

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Le Cloître des Rois, ci-dessus, est le dernier et plus grand du monastère. C'est lui qui abrite le musée d'art oriental. Le jardin en a été restauré il y a quelques années, grâce au travail d'une paysagiste qui s'est évidemment inspiré des jardins qui existaient à l'époque d'Isabelle et Ferdinand.

Avilá est une ville méconnue. L'énorme majorité des français n'a jamais entendu ce nom. C'est pourtant une ville que je vous conseille, lors de votre prochain passage en Castille. Située à une centaine de km à l'ouest de Madrid, sur la route de la prestigieuse Salamanque, c'est une cité à taille humaine, riche en patrimoine, et avec une identité très marquée. Ville de Sainte-Thérèse d'Avila, son enceinte, la célèbre Muraille d'Avila, est encore debout - suite à des restaurations probablement discutables, certes, mais la promenade sur les remparts vaut effectivement le détour et les photos de la ville prises à distance sont impressionnantes.

 

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19 mars 2016

Mentor

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Une Bible : Apostille au "Nom de la rose", Umberto Eco. Lu, relu, à re-relire.

Et, du coup, un nouveau mentor. A suivre.

17 mars 2016

Le Mexique, plus concrètement

En 2004 pour Semana Santa (Pâques) et en 2015 pour Noël, j'ai eu la chance de passer deux semaines au Mexique en visite chez une amie qui y a passé une année d'études, puis a choisi d'y rester vivre.

La première fois, pour Semana Santa, notre Pâques à nous, gros choc. Les mexicains font ça mieux que nous : une semaine complète pour fêter l'événement, mais avec moins de chocolat. A ce moment-là, j'étais à Coatzacoalcos, une ville sur la côte de l'Etat de Veracruz. Chaleur, chaleur. C'est à dire mangue au piment sur la plage, recherche effrénée d'un coin d'ombre, et l'impression d'être transparente sous le soleil.

La seconde fois, passage également à Coatza, pour un Noël en terrasse, avec certes un peu moins de chaleur qu'en avril, mais un réveillon bien agréable à l'air libre en tongs et débardeur.

Coatza est une ville déroutante pour un européen, car construite à l'américaine, avec un plan assez quadrillé et surtout, comme souvent en Amérique du Sud, une vie tournée vers le malecón, la rue longeant la plage, gigantesque et bétonnée, mais qui offre une ballade agréable et animée à tout moment du jour et de la nuit.

Le lieu de villégiature de mon amie était situé non loin de là, à Xalapa. Quelques heures de route séparent les deux villes, mais la vie y est bien différente. Xalapa est perchée en altitude, et à ce titre jouit donc d'un climat plus tempéré et plus humide. Voire froid l'hiver. La végétation est davantage présente qu'autour de Coatza, et les alentours offrent de superbes ballades en forêt à la recherche de cascade d'eau de montagne. 

C'eût été dommage de passer tant de temps au Mexique sans aller voir quelques créations des grands peuples précolombiens. Vous excuserez la photo, elle date d'une époque révolue où l'on partait en vacances avec un appareil photo jetable...

Mexique 2004 (1)

Prise du haut d'une des fameuses pyramides. Pas les fameuses fameuses, c'est-à-dire de Teotihuacan par exemple, mais d'un site plus modeste aux alentours de Puebla. Déjà impressionnant, et témoin d'une époque qui reste malgré tout mystérieuse, mais majestueuse.

Quant à Puebla, elle symbolise elle aussi la majesté d'un peuple, celui des conquistadores. Dans le plus pur style baroque espagnol, avec la place centrale au milieu de l'église et de la mairie, une ville où l'on se sent davantage chez nous quand on est européen, mais qui n'a pas grand chose de l'identité mexicaine dans son architecture.

Vous aurez remarqué que je n'ai pas parlé de la gastronomie mexicaine... Comment vous dire... Pas mon truc ! Rassurez-vous, mon corps a bien supporté les spécialités locales, mais mes papilles n'en sont guère friandes. Pourtant, certains plats sont délicieux, je pense aux enchiladas par exemple, que l'on connaît déjà en Europe. La cuisine mexicaine est riche, épicée, et demande souvent du temps de préparation (la sauce mole par exemple). En revanche, le repas n'est pas une institution (il n'y a d'ailleurs quasiment qu'en France que ça l'est !), donc on grignote beaucoup, à toute heure, partout, du hod dog au taco en passant (plus rare), par les fruits épicées.

La tequila en revanche, comme le rhum à Cuba, passe plus facilement !

14 mars 2016

Le Mexique, premières impressions...

21 ans, un compte messenger tout neuf (c'était hype, à l'époque), et une amie qui passe un an à l'étranger dans le cadre de ses études. Et pas n'importe où, au Mexique. La cucaracha, les sombreros, les mariachis et la bouffe-qui-pique, je suis sûre que c'est ce que vous aussi vous visualisez.

21 ans, je suis en licence d'histoire, dans la ville où je suis née, et jusqu'à cette date (2004), mon voyage le plus lointain doit être l'Andorre. Quand je me décide à prendre mon billet d'avion, c'est donc l'aventure complète. Assortie de toutes les angoisses d'usage : vais-je m'en sortir dans un aéroport toute seule, vais-je me faire arnaquer sur Internet pour le billet, vais-je réussir à trouver un taxi à Mexico etc... J'ai fait 2-3 boulettes rigolotes : 1. je n'ai pas pu payer le billet d'avion tout de suite, le plafonnement de ma carte de paiement était trop bas. 2. Je me suis trompée dans la réservation de mon retour en Bretagne, à cause, bêtement, du décalage horaire. Oui, je partais de Mexico le 21, mais j'arrivais à Paris le 22. Oups. Je m'en suis quand même rendu compte quelques minutes plus tard, l'honneur est sauf, et le porte-monnaie n'a pas souffert.

Premier dépaysement arrivée sur place. Et quel dépaysement. Le Mexique, c'est bruyant, coloré, tortueux. Les mexicains sont aussi un peu de tout ça... Quand on débarque de France, que c'est un premier voyage hors de l'Europe, on est évidemment surpris par des choses du quotidien : l'état des routes, le fait de ne pas pouvoir jeter le papier toilette dans la cuvette, le fait de ne pas pouvoir boire l'eau du robinet, bref, des choses d'européens. On est aussi surpris de meilleure façon : le prix des restaurants, la profusion de magasins de chaussures, l'ambiance joyeuse dans certaines rues.

Le Mexique, c'est aussi un mélange des genres déstabilisant. Les Etats-Unis sont là, tout près, leur influence est évidente à chaque coin de rue, et pourtant il y a une fierté mexicaine à contrer les grands principes américains. Les touristes sont là nombreux également, on est accueilli avec un sourire, que j'ai malheureusement perçu comme "de façade" pour mieux pouvoir profiter de ce qu'on a à donner. Je ne parle pas pour tout mon séjour, j'étais avec une française qui vivait au Mexique, et ses amis, donc mon cercle de vie était protégé de tout ça. En revanche, je ne me suis jamais promenée seule, et n'ai pas eu envie de le faire. Le taxi qui m'a emmenée à l'aéroport de Mexico m'a ruinée, au sens propre, ce qui m'a valu de me faire insulter par le bagagiste à qui je n'avais rien demandé, mais s'est rué, et m'a copieusement engueulée quand je lui ai montré que je n'avais plus rien à donner.

Certes, c'était mon premier voyage. Beaucoup de ce ressenti est donc à mettre sur ce compte là. Mais le fait est que, 12 ans après et quelques allers-retours en Amérique du Sud plus tard, je ne suis toujours pas attirée par le Mexique. Trop de faux-semblant, trop de contradictions, trop de violence. Un pays difficile à cerner, avec une histoire compliquée, des artistes monumentaux, une situation géographique et économique sur le fil. Un pays fascinant, mais complexe, et tellement fier de son identité qu'il est difficile de s'y intégrer quand on y vient de passage.

 

 

 

11 mars 2016

Au revoir là-haut

Aurevoirlàhaut

Quand une amie m'a confié ce livre, elle m'a dit "la scène d'ouverture est magistrale".

Le terme est adéquat. Magistral. Ce roman est magistral. L'écriture est magistrale. L'histoire est magistrale. On le lit comme on tomberait en pâmoison devant son idole, comme on boirait les paroles d'un maître, comme on écouterait la pureté du silence. Il n'y a qu'à suivre les lignes. On ressent, on rit, on frissonne, on s'étonne, on compatit, on pleure, tout est déjà dans les mots.

C'est une fiction, bien sûr, mais probablement pas si loin de la réalité. Quand on imagine la Grande Guerre, ce sont les tranchées qui s'imposent, les poilus, les morts. On pense assez peu à "l'après", au retour à la réalité, pour les combattants comme pour ceux de l'arrière. On a évidemment entendu parler des gueules cassées, on a peut-être même vu le magnifique film qui leur est consacré, La Chambre des Officiers, mais le quotidien de ces "non-vivants" ne nous a jamais effleuré.

Peut-être parce que, comme le traduit si bien Pierre Lemaître, le quotidien ne veut plus dire grand-chose quand on a été ravagé par la guerre. Physiquement, moralement, socialement. Alors on survit, de minute en minute, on triche, parce qu'il n'y a que ça à faire, on délire, pour ressentir encore quelque chose.

Le roman ne nous entraîne pas au fond d'un misérabilisme bien pensant, ou d'une pitié obligatoire pour ces "Héros de la Patrie". Il nous les présente comme des hommes certes blessés, mais pas forcément victimes. Chacun des personnages a sa part d'ombre, son secret à cacher, ses "arrangements" plus ou moins honnêtes.

L'écriture qui alterne savamment entre un récit linéaire très précis, narratif et descriptif, avec des envolées de discours indirect libre, est d'une fluidité presque surnaturelle, qui nous permet non seulement de comprendre et de ressentir, mais aussi d'avoir du mal à reposer ce pavé qui mériterait qu'on ne le referme qu'une fois, arpès la toute dernière ligne.

Vainqueur du Goncourt 2013, dans la lignée des prédécesseurs dont il s'est inspiré - Adrien Bertrand, René Benjamin, Henri Barbusse - Pierre Lemaître signe un ouvrage qui devrait figurer dans l'enseignement à la fois de la littérature et de l'histoire.

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