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Debriefs
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  • Debriefs... au boulot, entre copines, souvent, pour des choses primordiales et d'autres plus futiles. Un "mini" tour du monde mérite bien un debriefing... Et, pourquoi pas, maintenant que ce voyage est loin, continuer de debriefer ?
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23 mai 2016

En voie de sédentarisation

Après avoir fait un demi-tour du monde toute seule, avoir porté des Louboutin en soirée, avoir obtenu un Bac+5, avoir été secrétaire de direction dans un service municipal, avoir réussi un concours de la fonction publique, avoir fait du parapente, avoir monté une étagère Ikea toute seule, je me disais naïvement que rien n'était hors de portée et que oui, je saurai parer à toutes les difficultés.

Erreur.

Il existe une épreuve qui combine l'excitation d'un tour du monde, la paperasse de la fonction publique, l'énervement de l'étagère Ikea, l'ennui du secrétariat. J'ai nommé : préparer l'achat d'un bien immobilier.

Il y a d'abord l'émoustillement, la joie de "se lancer" avec son amoureux, de trouver un lieu où on voit immédiatement où ranger la friteuse trouvée dans la poubelle (true story).

Et puis un chouya d'angoisse : ne nous sommes-nous pas trompé ? L'école en face va-t-elle nous pourrir nos grasses matinées pendant les vacances ? Le chien va-t-il nous faire tomber dans les escaliers ?

Mais là c'est tout gentillet encore. Ensuite, il faut démarcher les blanques (là c'est simple, y'en a des chères, y'en a des moins chères, et comme on n'est pas des négociateurs dans l'âme, un courtier l'a fait à notre place). L'horreur entre dans nos vies. Il faut présenter à cet organisme que nous allons nourrir d'intérêts pendant quelques dizaines d'années des preuves de notre bonne foi, bonne santé physique, bonne santé financière, caractère de primo-accédant (gros mot), il faut lui raconter notre vie sur les 2 à 5 dernières années, il faut lui raconter la vie de nos parents, au cas où ils auraient engendré des extra-terrestres, il faut prouver les vaccins de notre chien, au cas où... non, pas encore.

La constitution d'un dossier de cet ordre, c'est la maison qui rend fou. Explication. Vous envoyez consciencieusement 50 photocopies, assorties d'un mail avec les 50 mêmes documents en pièces jointes, mais il manque toujours quelque chose. La pièce d'identité n'est pas assez claire, il s'est déjà passé trois semaines, il faut donc renvoyer les derniers bulletins de salaire et les derniers relevés de banque, votre conjoint est auto-entrepreneur, il faut donc sa fiche de paie de décembre 2012 (oui, on est en mai 2016...). Vous avez rempli le questionnaire médical pour l'assurance, vite de préférence, pour accélérer les choses, mais une semaine après on vous dit qu'il faut un certificat médical attestant de la véracité des propos et des traitements éventuels en cours...

Déménagement1

Mais vous êtes fort. Vous vous accrochez. Vous avez bien pensé, une ou deux fois lors de vos insomnies, à abandonner et à rester locataire, juste pour être tranquille, juste parce que la dame qui vous appelle parle beaucoup trop fort dans le téléphone pour vous demander pour la cinquième fois de lui envoyer votre avis d'imposition 2014. Mais non. Persévérance. Et, enfin, sésame, vous avez constitué votre dossier. Il a été validé par la banque. Vous êtes soulagé. Vous êtes content. Un peu. Parce que vous êtes aussi endetté sur 23 ans. Re-angoisse.

Angoisse pâtinée d'impatience et d'énervement. Vous êtes d'accord avec la banque. Vous avez passé 2 heures à ouvrir un compte joint, changer d'assurance habitation, changer d'assurance voiture, souscrire à une assurance accident de la vie. Et vous repartez les mains vides. Oui, l'offre de prêt doit arriver par courrier. Oui, il faut un délai de réflexion de 11 jours. Alors vous attendez. Longtemps. Très longtemps. Tellement longtemps que vous vous mangez les mains pour vous occuper. Et, enfin, votre facteur (qui finalement vous devient plus sympathique), vous amène une enveloppe lourde comme un parpaing. A l'intérieur, des feuilles et des feuilles, auxquelles vous n'êtes pas sûr de tout comprendre, mais que vous paraphez consciencieusement comme le dit le post-it que la banquière a pris soin d'y accrocher. Vous pensez quand même vaguement que tout ça, que vous ne lisez pas, vous enchaîne pour 23 ans, mais vous signez.

C'est bientôt fini. Il ne reste plus qu'à prendre rendez-vous chez le notaire. Ouf. Vous commencez les cartons, vous avez hâte. Et puis, la veille de la signature de l'acte de vente, le notaire vous envoie une jolie pièce jointe dans un joli mail : vous devez 1734,02 euros au vendeur, pour les charges qu'il a versées au syndic et qui n'ont pas été utilisées... Ah oui. Voilà. Super.

Mais bon, vous êtes content. Parce que vous payez pour quelque chose que vous avez choisi et qui est à vous. Et que prochainement, vous y serez bien, dans cet appartement. Tout sera calé, rodé, payé, anticipé, et vous pourrez tranquillement vous lover dans le nouveau canapé, à grignoter vos frites-maison. Après la virée chez Ikea, le transport des quelques dizaines de cartons de livres (oui, vous êtes bibliothécaires), le choix d'un canapé et l'achat d'une carte de bus.

Mais c'est le premier pas vers la vie de grand, c'est un rite initiatique. On s'y fatigue, on s'y frotte, on s'y égratigne, mais on grandit ! (dis-je en croisant les doigts, touchant du bois et de la peau de singe.)

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