Parce que la nature, c'est beau (l'Île aux oiseaux)

Une fois sur l’atoll de Tetiaroa, j’ai fait le tour, à pied, de l’ile aux oiseaux, qui porte merveilleusement son nom. Ici, ils sont chez eux, et nous ne sommes pas spécialement les bienvenus : si on s’approche un peu trop de leur territoire, ou de leur nid, on a vite la sensation d’être dans un remake des Oiseaux d’Hitchcock. Mais sans la cabine téléphonique. Ils deviennent menaçants, volent très vite et très proche des têtes, crient… On est chez eux quoi, et ils ne nous ont pas invités. Et ils n’ont pas peur de nous.

Ils sont impressionnants, si nombreux, si bruyants, si beaux. Ils sont fragiles, aussi. Petit coup de gueule écolo : j’en ai vus beaucoup, mourants ou morts, sur le sable. Plus que d’habitude, d’après notre accompagnatrice. J’étais évidemment impuissante face à leur agonie, qui était douloureuse pour moi aussi, parce que je ne pouvais m’empêcher de me sentir un peu coupable… certes, c’était peut-normal. Peut-être était-ce l’équivalent de leur cimetière, peut-être était-ce tout simplement le pourcentage de décès par jour… mais peut-être aussi, était-ce lié à leur alimentation irradiée. Par Fukushima, par les essais nucléaires pas si lointains que ça dans le Pacifique. Peut-être était-ce lié à nos visites bien trop nombreuses sur leur espace de vie. A nos déchets, notre nourriture, notre plastique.

En marchant dans le lagon, dans cette eau tiède et transparente, on se sent si bien. Epanoui. Tout va bien. La lumière est belle, l’eau est agréable, le paysage est magnifique, le silence est précieux. Par silence, j’entends aucun bruit mécanique, industriel, technologique. On entend la mer, le vent, les oiseaux, les voix et rires des gens qui nous accompagnent.

Un requin, une raie léopard nous ont accompagnés pendant notre tour, pas effrayés eux non plus, sereins.

Ce jour-là, j’ai passé une journée parfaite. En rentrant, j’étais heureuse, j’avais le sourire, j’étais bien. J’avais vu des choses que tout le monde n’aura pas la chance de voir dans sa vie. Et peut-être est-ce mieux ainsi, d’ailleurs, de laisser des endroits et des moments inaccessibles, c’est ce qui les rend primordiaux et nous laisse le loisir d’en rêver, de s’y évader, de les imaginer.